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Avignon 2014

Publié le par Manuel PRATT

Il y aurait tant de choses à écrire sur le festival...

Tant d’observations depuis mes 27 participations...

Beaucoup de tristesse de voir que dans ce métier qui se veut de partage, il ne règne qu’égoïsme et intérêt personnel et financier.

Snobisme et mercantilisme.

Insulte et mépris.

Tant de constat et de haine observée ente In et Off alors que nous pratiquons le même Art.

Tant de mépris et tant de jalousie.

Tant de désir de pouvoir et de reconnaissance devant un Ministre, une caméra, pour une médaille sur un veston ou des subventions plus importantes.

 

2003 fut une année de déchirement et en septembre avec ma naïveté permanente, j’ai réalisé que la solidarité et toutes les belles promesses pour ceux qui se battaient pour un honneur et le respect d’une profession, tout s’était évanoui, évaporé avec la canicule.

Entre un gouvernement qui se moquait bien de ma précarité et une ville d’Avignon dans laquelle j’habitais, des réflexions haineuses des commerçants, réflexions qui subsistent encore... je me retrouvais planté avec comme seule consolation des mots d’encouragement d’un public désemparé.

 

Désespéré et encore plus pauvre.

 

Maintenant, rien n’a changé, bien au contraire, le désir de pouvoir des institutions qui se veulent culturelles est encore plus fort.

La jalousie entre les deux Festivals est encore plus terrible.

Les médias enfoncent encore plus le clou et "diviser pour mieux régner" est devenu la maxime de cette profession.

 

Le nouvel accord est catastrophique !

C'est la mort annoncée d’une partie de la profession, celle de l’ombre, pas celle que l’on voit chez Drucker, Ruquier ou Sébastien, pas celle des feuilletons crétins d’ange gardien ni de toutes les émissions de télés réalités débiles.

Non, celle qui se bat dans des petites structures, celle qui va dans les quartiers proposer spectacles, rencontres et ateliers, celle qui survit, minablement mais la tête haute, celle qui se change dans des salles de classe pendant que les élèves attendent de voir un spectacle dans le réfectoire de l’école, pas celle de la cérémonie des Molières, nœud papillon et cocaïne dans les loges.

Celle qui dit non aux bien-pensants, ceux qui endorment, bercent et anesthésient les cerveaux.

 

Celle qui crèvera debout mais fière d’avoir tenu un maximum de temps car le jeu en vaut la peine, car le français n’est pas un veau comme le pense les institutions médaillées.

Et seule la parole peut éviter la violence et la haine.

C’est la raison de ma présence cette année sur le Festival avec mes quatre spectacles.

Cet été, je jouerai pour combattre, dernier combat, dernier duel, dernière ligne droite.

Dernière rencontre peut-être avec un public souvent perdu et triste que la fête soit gâchée ou annulée, mais toujours là !! présent, fidèle, à l’écoute et uni avec mes mots et mes idées.

Dernières économies investies sans aide car la liberté a le prix de l’indépendance.

Un sourire triste sur le visage néanmoins en espérant que ce n'est pas une grimace d’adieu.

Merci pour votre fidélité

 

 

Manuel Pratt

 

 

En septembre 2003, quelques professionnels furent solidaires de notre sacrifice et de nos pertes : la compagnie Daniel Gros, le service culturel de la ville de Romainville qui organisa un mini festival : "ceux qui n ont pas joué à Avignon", le théâtre la Passerelle à Florange dirigé par Pascal Jaskula. 

 

Le théâtre la Tâche d’Encre me prête aussi son lieu toute l’année pour répéter comme bon me semble et sans demander le moindre centime...

 

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B
On est avec toi Manu ! Et avec tous les intermittents !<br /> A tout bientôt.<br /> <br /> A luta continua !
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