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03 Juillet 2020

Publié le par Manuel PRATT

Aujourd’hui aurait dû commencer le Festival Off d’Avignon 2020…

 

Ma 36 ème participation ….

 

Le matin, j’aurais dû me raser avec encore plus d’attention que les autres jours, un appel à mon partenaire jean Marc Santini pour savoir si tout allait bien pour Lui et vérifier l’heure de l’ultime répétition, puis préparer mon sac de spectacle.

Comme un Militaire va préparer son paquetage avant une mission, regarder que rien ne manque, tant pour le spectacle, costumes, accessoires et bande son que pour l’accueil à la caisse.

Une cérémonie bien précise pratiquée depuis tant d’années.

Une concentration spéciale. Une musique d’ambiance toujours la même …

Un dernier coup d’œil.

Le mois de juillet va Vraiment commencer.

Il sera pleins de doutes, de rencontres, de peurs, de déceptions mais aussi de mots échangés, de retrouvailles avec des spectateurs venus des quatre coins de France et d’ailleurs aussi.

« Comment allez-vous depuis l’an dernier » ? La question qui revient toujours …

En 35 Festivals, j’ai vu des spectateurs venir avec leurs adolescents puis, ces mêmes ados revenir avec leurs propres enfants…trente-cinq ans, il s’en passe des choses...

Un mois riche, plein de doutes, de rdv chez l’ostéo…de Doliprane ou de granules d’arnica et la bouteille de Jack Daniel ignorée pendant un mois…

Le Festival est un marathon sans alcool, sans soirées bien arrosées, deux spectacles différents par jour, quatre spectacles en tout, jours pairs et jours impairs, les années en plus, on doit tenir.

On perd du poids, on signe des contrats ou pas.

On reste là, le sourire aux lèvres, la politique du chapeau, le paiement libre qui me fera des visites, des contrôles, vive la délation …

Des ennemis, des directeurs de théâtres qui me haïront suite à cette démarche qui reste tout sauf intéressée pour le maître du festival : le Fric, le Pognon, la Thune !

Le Festival, du soleil brûlant …des comédiens qui s’effondrent de jour en jour en quête de spectateurs et des People crétins (pléonasme) qui signent des autographes dans les rayons de Monoprix …

Avignon…

Mais en 35 Festivals, je note surtout l’échange, la curiosité des spectateurs qui courent comme si leurs vies en dépendaient dans les ruelles de cette ville écrasée par la chaleur, allant de théâtres en théâtres pour découvrir des Spectacles !

Moment tant attendu pour eux tout le reste de l’année !

Un budget prévu !

Ils sortent avec le sourire aux lèvres ou les larmes rentrées au fond de la gorge.

Mais des regards qui disent : »MERCI et on se voit l’année prochaine !!!! « 

Et malgré la douleur des lombaires, la vieillesse qui se pointe ricanante, la chaleur de plus en plus pénible et la peur de ne plus pouvoir créer, bah…on dit juste un «  Oui » timide ! Et on sait qu’on reviendra ! Qu’on retravaillera encore plus l’an prochain pour revivre ces moments d’échanges ! Cette magie, cette Drogue !!

2020  le Covid…

En mars, je savais que le Festival n’aurait pas lieu.

690 morts par jour, cela était prévisible.

J’annonçais juste cette sinistre prédilection et quelques personnes m’ont insulté, suffisants crétins avides de pouvoir et d’argent qui me jugeaient : Pessimiste, Oiseau de malheurs préférant d’après leurs dires une peur panique au Métier Artistique…

Quand je décidais d’ouvrir sans haine la discussion en expliquant que cela me déchirait le cœur et aussi qu’une année de travail à venir s’annulait, ces mêmes tristes paltoquets me traitaient de « Caliméro », ces mêmes artistes pseudos écrivains ratés pétant dans la soie se la jouant Zorro du Dimanche.

 

Que savent-ils du Festival, à part des chiffres crachés par leurs banquiers ? Pas grand-chose…

Ont-ils déjà transpirés sur un plateau ? Ont-ils déjà sué sur les trottoirs à essayer de parler de leurs spectacles ? De donner des tracts ? Puis de rentrer au camping parce que ce putain de camping était le seul  moyen de se loger aux moindres tarifs...Non !!

 

Ces gens minables décideurs ne parlent que de Fric, le public n’est pas un Public ce sont des Résas, des Tarifs pleins, des tarifs réduits, et horreur : des Exonérées…

Fini le mot : spectateur…fini le mot : Public !

On parle juste de «  20 Euros «  ou de « tarifs réduits ».

Pathétiques connards…

Les Hyène sont toujours là…

Y aura-t-il de spectacles quand même en juillet ? La question revient souvent dans les discussions…

Oui, certainement, des subventions restent bonnes à prendre. Pour certains directeurs de Théâtres c’est toujours bon à prendre comme un rendez-vous avec les responsables du Rassemblement national au cas où …

Je me demande si ces gens ont un miroir chez eux et si ils osent se regarder en face.

Néanmoins, il y aura quelques spectacles cet été dans cette ville qui va mourir … je souhaite de tout mon cœur révolté que le public s’y retrouvera nombreux, je n’ai rien contre les Artistes qui se battent !

Je lutte juste contre les escrocs

Ceux qui ne savent pas ce qu’est le plaisir dans la douleur du festival, trop avides de Pouvoir et d’argent.

Tous les directeurs de théâtres ne sont pas des hyènes. Non…il y a des gens merveilleux, des êtres Humains qui crèvent aussi de solitude et de désespoir qui auraient voulu ouvrir leurs salles et qui ne le peuvent pas, faute de moyens, emprisonnés par les dettes et la tristesse.

Il sera assez facile de repérer qui aime vraiment l’Art ou qui aime l’Art-Gens ce mois de juillet…il suffira de regarder les portes des salles de spectacles …celles qui seront ouvertes et celles qui seront fermées…

Cela sera assez significatif.

Il y aura aussi des exceptions…au public, aux curieux de les trouver.

Amusant jeu de Piste …

Beaucoup de gens me demandent dans la rue en me croisant si je jouerai ce mois de juillet…

2020 devait sans doute être mon dernier festival…

D’où ma tristesse énorme et le sentiment d’avoir été Sali par tous ces prétentieux idiots gras cités plus haut…

Alors non, malgré une ou deux propositions de jouer cet été,  j’ai préféré refuser.

Cela me semble logique.

Ce serait comme danser avec une mariée en belle robe blanche, mariée qui ivre morte aurait chié sur elle, la Valse serait jolie, la danse serait belle, mais cela puerait la merde.

 

Manuel Pratt

 

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S
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